159 propos sexistes, 66 séquences LGBTIphobes, 51 remarques racistes. C’est l’amer/le terrible/sordide bilan que nous dressons après un mois d’écoute des Grosses têtes, du 21 septembre au 23 octobre 2020. Cette émission phare de RTL qui réunit chaque jour plus de 2 millions d’auditeurs et d’auditrices est organisée en véritable cour de récréation. L’émission animée par Laurent Ruquier reproduit ad nauseam les systèmes de harcèlement les plus classiques. Sous couvert d’humour, les minorités sont à nouveau désignées comme le bouc émissaire idéal.
Dans combien d'émissions entendrez-vous des propos :
Ménagères, putains, trop grosses ou trop moches, stupides, les femmes y sont constamment ciblées en raison de leur genre. 100% des émissions écoutées contiennent des saillies sexistes, avec une moyenne d’une toutes les 11 minutes. Des déclarations qui culminent parfois jusqu’à l’insulte et l’appel à la violence.
Après les femmes, ce sont les personnes LGBTI qui constituent une cible de choix pour la fine équipe. 83% des émissions contiennent des propos LGBTIphobes. Un comble alors que Laurent Ruquier a pourtant largement diversifié le panel de chroniqueurs et chroniqueuses en invitant régulièrement des hommes ouvertement gays, comme Jeanfi Janssens.
Dans cette course au bon mot à tout prix, les populations étrangères et/ou racisées ne sont pas épargnées : 79% des émissions comptent des séquences racistes. Et dans la moitié, on entend un florilège âcre d’épisodes où la culture du viol se porte bien. Avec en moyenne 19 propos discriminants par émission, il ne s’agit plus d’un accident de parcours, mais d’un acharnement dissimulé derrière le rire. L’AJL enjoint les Grosses têtes à réfléchir à leur responsabilité dans la propagation des discours de haine. Il y a urgence.